La truite aux leurres en début de saison

Posted by Paul 29/04/2020 0 Comment(s) Techniques de pêches,

        Mon approche de la truite aux leurres en début de saison         
 

Comme chaque pêcheur de truite le sait, le début de saison n’est de loin pas la période la plus facile pour réaliser de belles sessions de pêche. Les eaux sont froides, le soleil ne perce pas toujours les nuages (même si cette année semble faire exception). Par conséquent, les poissons sont peu actifs et bien souvent calés sur le fond. Ils ne daignent que rarement bouger pour se saisir de nos leurres. Un leurre qui se déplace trop rapidement dans l’eau ou qui se tient trop haut dans la couche d’eau n’aura que peu de chance de motiver une truite à mordre en cette saison. Pour remédier à cela, je vais tenter d’explorer quelques pistes, à la fois à propos des leurres que j’utilise et des spots que je privilégie, qui pourront peut-être vous permettre d’améliorer les résultats de vos sessions de début de saison.  


Durant cette période, qui s’étale grosso modo de début mars à fin avril (cela dépend des cours d’eau et de la météo, qui peut différer d’une année sur l’autre durant la même période), j’emploie en priorité des leurres qui évolueront lentement et au ras du fond, sans animation particulière, afin d’obtenir une trajectoire qui soit la plus rectiligne possible et donc la plus prévisible pour le poisson (ce qui rendra son attaque plus aisée et moins énergivore pour son organisme en cette période froide).                        
Pour ce faire, j’opte principalement pour deux types de leurres qui satisfont à la plupart des conditions que je rencontre sur mes spots habituels. Il s’agit de la cuillère tournante et du leurre souple, que je n’utilise toutefois pas dans les mêmes conditions. Ce sont deux leurres avec lesquels je m’astreins à pêcher en début de saison, car je préfère largement le poisson nageur une fois que les eaux se sont un peu réchauffées à partir de la fin du printemps.   

  

Eau teintée et froide, fort courant, voilà une configuration  habituelle en début de saison, ce qui rend parfois la pêche compliquée.

 

Je pêche à la cuillère tournante dans les rivières peu profondes avec des courants soutenus et parsemées de rochers. La cuillère me permet d’obtenir un déplacement qui est à la fois lent et linéaire, tout en envoyant de fortes vibrations ainsi que de gros flashs lumineux. Je ne l’utilise que dans les rivières peu profondes et autres ruisseaux, étant donné qu’il s’agit d’un leurre qui a tendance à remonter vers la surface une fois qu’il prend réellement appuis sur le courant (en gros à partir du moment où votre ligne forme un angle droit avec la rive), ce qui est rédhibitoire dans un fleuve avec beaucoup de fond à ce moment de la saison, mais ne gêne absolument pas lorsqu’il y a peu d’eau, puisque la truite n’a alors que peu de chemin à parcourir pour attaquer le leurre.  
Par ailleurs, la cuillère tournante se déplace en ligne droite, lorsqu’elle ne rencontre pas d’obstacle, elle est ramenée en linéaire sans animation et évolue par conséquent lentement, avec un comportement facilement anticipable pour les poissons. Elle aura à mon sens plus de chance de séduire des truites qui ne seraient pas décidées à poursuivre une proie virevoltante et rapide (comme pourrait l’être un poisson nageur) dans les eaux froides du début du printemps.

Grosse truite d'avril 2019 prise à la cuillère tournante Mepps N3 noire à points jaunes dans une eau teintée et un fort courant.

 

Les différents types de cuillère tournante permettent de pallier à toutes les situations, de la forme la plus classique de type Aglia de chez Mepps, qui reste la plus polyvalente, en passant par la palette de type feuille de saule telle que l’Aglia long de chez Mepps également pour pêcher plus creux lorsqu’il y a un peu de fond, mais aussi la Comet, toujours de chez Mepps, avec sa palette allongée qui fera merveille dans les secteurs encombrés de rochers. N’oublions pas la cuillère à axe fixe telle que la fameuse ARS de chez Smith qui sera parfaite dans les petites rivières et ruisseaux pour sa faculté à se mettre en action dès la tombée. Au niveau des coloris je reste dans du classique, c’est-à-dire que lorsque les eaux sont claires, j’emploie généralement une cuillère argentée dans les zones ombragées et une cuillère dorée pour les secteurs ensoleillés, alors que je sors un peu de l’ordinaire dans les eaux teintées, en privilégiant des coloris noirs à points jaunes comme la black fury de chez Mepps par exemple, voire du fluo.

 

 

 

En ce qui concerne les leurres souples, essentiellement des shads pour ma part, je les garde pour les cours d’eau avec plus de profondeur. Ils me permettent de pêcher réellement au ras du fond sur toute la durée de la récupération et au besoin d’adapter le poids de la tête plombée pour passer au plus près du fond, sachant qu’en principe compter environ un gramme de tête plombée par centimètre de leurre me semble adapté. Une fois le lancer effectué, je laisse couler mon shad à la tombée de manière à frôler le fond, puis j’entame la récupération avant que leurre ne l’atteigne afin de ne pas s’accrocher, ici encore je mouline lentement en laissant mon leurre évoluer en linéaire sans animation, et ce pour les mêmes raisons que pour la cuillère tournante. J’aime particulièrement les Black Minnow pour la pêche de la truite.         

 

 

 

Belle truite prise le jour de l'ouverture 2019 au shad Black Minnow 70 coloris kaki pailleté, dans une eau translucide

Beau poisson du jour de l'ouverture 2020, à nouveau pris au Black Minnow 70, coloris ghost minnow, exactement au même endroit et dans les mêmes conditions qu'en 2019

 

J’affectionne particulièrement les coloris ghost pailleté dans les eaux claires et par temps ensoleillé, des coloris transparents sans paillettes dans les mêmes eaux par temps un peu plus couvert et des coloris noirs, bruns, ou encore blancs voire

fluorescents dans les eaux teintées.

Shad Black Minnow 70, en haut kaki pailleté, en bas ghost minnow

 

Assez parlé des leurres, passons à la technique de pêche en elle-même. On entend souvent qu’il faut pêcher vers l’aval en début de saison, afin de ne pas faire passer son leurre trop rapidement dans le courant, mais de le laisser travailler jusqu’à quasiment le laisser faire du sur-place dans les veines d’eau.        
Ce n’est pas faux, mais personnellement je ne suis pas un adepte de cette façon de procéder et je préfère lancer vers l’amont. Mais étant donné la saison, je coupe la poire en deux et je pêche en lançant vers l’amont, tout en laissant mon leurre travailler vers l’aval dans le courant sur la fin de la récupération, ce qui peut notamment permettre de pêcher de belles sous-berges. Je mouline donc plus rapidement sur la première partie de ma récupération, puis je calme la vitesse sur la deuxième partie en laissant le courant faire le travail à ma place. Il ne faut également pas hésiter à multiplier les lancers sur les mêmes zones, notamment si elles sont parsemées de roches qui cassent le courant, en faisant varier les trajectoires prises par votre leurre, chacune de ces pierres étant susceptible d’abriter une truite qui en cette saison risque de ne pas mordre si le leurre ne passe pas juste devant sa gueule.

 

Petit schéma représentant ma façon d’aborder un poste en début de saison

Jolie truite d’avril 2020, prise après une dizaine de lancers au même endroit, simpement en faisant varier la trajectire de la cuillère.

 

Enfin, concernant les spots à prospecter en priorité se trouvent évidemment les fosses profondes, les zones calmes, ainsi que toutes les cachettes pouvant dissimuler les poissons telles que sous-berges, tas de branches enchevêtrées, ou encore enrochements entourés

d’une belle hauteur d’eau.

 

Ici une fosse très profonde dans ces gorges, un spot typique de début de saison à prospecter

 

Personnellement j’évite les secteurs peu profonds tels que les radiers ainsi que les zones de rapides qui seront plutôt des spots typiquement estivaux. Je tente également dans la mesure du possible, durant les quelques semaines qui suivent l’ouverture, de pêcher de préférence les rivières qui s’écoulent exclusivement en plaine. Cela me permet d’éviter l’eau de fonte des neiges des rivières qui sont alimentées par les sommets, particulièrement froide, qui peut être dévastatrice sur l’activité des truites. Je garde ces rivières en réserve pour la suite de la saison, que je pêcherai une fois la neige fondue. Pour terminer, bonne nouvelle pour les lèves-tard, aller pêcher au lever du jour à cette période n’est pas forcément utile, contrairement au milieu de l’été, je préfère personnellement attendre que le soleil chauffe un petit peu histoire de compenser la température glaciale de l’eau et de réveiller les poissons.   

 

Belle zone d'enrochements, ici la photo est prise en été, mais en début de saison avec une hauteur d'eau plus importante ce spot est redoutable, chaque rocher pouvant abriter une truite.

 

 

Leave a Comment